L’histoire de France a été marquée par ses grands rois. En effet, contrairement à la pratique d’autres États européens, seuls les hommes pouvaient régner lorsque le pays était une monarchie.
Et pourtant, des reines, mères, épouses ou régentes se sont succédé au fil des siècles, profitant de longues périodes d’absences du roi, et surtout de régences (en cas de minorité du futur roi après le décès du précédent souverain).
Malgré l’inégalité juridique, l’histoire de France a donc aussi été écrite par ses reines. Redécouvrons ensemble les femmes monarques françaises d’exception, de l’époque mérovingienne au XIXe siècle.
Au VIe siècle, après la mort de Clovis, le royaume est divisé en plusieurs territoires. Maîtresse de Chilpéric Iᵉʳ, roi de Neustrie, Frédégonde fait étrangler Galswinthe, la femme de ce dernier.
Brunehaut, la sœur de Galswinthe et femme de Sigebert Iᵉʳ, roi d’Austrasie, lance son époux dans une guerre fratricide pour se venger de Frédégonde, laquelle exerce ce qui ne s’appelle pas encore une régence. Sous l’impulsion de ces femmes, le royaume connaît une période de guerres intestines.
Le VIIIe siècle a connu le règne de Bertrade de Laon (720-783), dite Berthe au Grand Pied, car elle serait née avec un pied bot. Épouse de Pépin le Bref, le fondateur de la dynastie des Carolingiens, cette diplomate de talent fut la mère de Charlemagne.
Duchesse d’Aquitaine et comtesse de Poitiers, Aliénor d’Aquitaine vécut au XIIe siècle. Après une rupture violente avec son époux, le roi de France Louis VII, elle épousa le roi Henri II d’Angleterre. Reine puissante, elle passa néanmoins plusieurs années en captivité à l’issue d’un conflit entre ses fils et son mari.
Blanche de Castille a assuré l’une des premières régences de l’histoire de France, à la mort de Louis VIII en 1226. La mère de Louis IX (aussi dénommé Saint Louis) récupère le Languedoc du comte de Toulouse et mate le soulèvement de barons soutenus par le roi d’Angleterre. Elle redevint régente lors du départ de son fils en croisade.
À la fin du XIVe siècle, en pleine Guerre de Cent Ans, le roi Charles VI manifeste des signes de démence, laissant le pouvoir royal vacant. Son épouse Isabeau de Bavière prend alors le parti des Bourguignons, favorables aux Anglais, et désavoue son propre fils, Charles VII.
Mère de François Iᵉʳ, Louise de Savoie (1476-1531) a tout fait pour que son fils puisse accéder au trône de France et s’y maintenir. Elle exerça une régence à deux reprises lors des campagnes d’Italie du monarque.
Née à Florence en 1519, Catherine de Médicis exerça la régence à la mort de son époux, Henri II, en 1559, et après celle de son fils François II, de 1560 à 1563. Mère de trois rois de France, la « régente noire » a gouverné dans la période trouble des guerres de religion.
Fille de Catherine de Médicis et rendue célèbre par Alexandre Dumas, Marguerite de Valois fut mariée à Henri de Navarre, le futur Henri IV, afin de réconcilier catholiques et protestants. Soutien de la Ligue catholique, femme de lettres, répudiée par son mari, la « reine Margot » eut tout d’un personnage de roman.
L’épouse de Louis XVI, Marie-Antoinette d’Autriche, a laissé un souvenir indélébile. D’abord critiquée pour sa frivolité, elle fut capturée avec le roi lors de la fuite à Varennes, emprisonnée et finalement guillotinée en 1793. Son histoire à la fois clinquante et tragique continue d’inspirer de nos jours.
Après la chute et la brève restauration de la monarchie, le XIXe siècle a surtout été marqué par les impératrices : Marie-Louise d’Autriche, l’épouse de Napoléon Iᵉʳ, et Eugénie, celle de Napoléon III.
L’histoire de France a donc été marquée par ses souveraines. Mais n’oublions pas les favorites des rois, influentes malgré l’absence de mariage, comme Diane de Poitiers à l’époque d’Henri II, ou Madame de Maintenon du temps de Louis XIV.