Élection Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara et les Tensions Politiques

La Côte d’Ivoire se prépare pour une élection présidentielle cruciale prévue le 25 octobre 2025, avec un premier tour qui s’annonce déjà chargé de controverses. Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, a décidé de briguer un quatrième mandat, suscitant des débats houleux au sein de l’opposition et ravivant les tensions politiques dans le pays. Sa justification, selon laquelle « le devoir peut parfois transcender la parole donnée », a relancé les critiques sur sa légitimité, notamment après un troisième mandat jugé anticonstitutionnel par ses détracteurs en 2020. Cet article explore les enjeux de cette élection, les acteurs clés, et les défis qui attendent la Côte d’Ivoire dans ce contexte politique explosif.

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En 2020, Alassane Ouattara avait initialement annoncé qu’il ne se représenterait pas, souhaitant céder la place à une nouvelle génération et se consacrer à sa fondation. Cependant, le décès soudain de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en juillet 2020, l’a poussé à revoir sa décision. Invoquant un « cas de force majeure », Ouattara s’est présenté pour un troisième mandat, s’appuyant sur une modification constitutionnelle de 2016 qui, selon lui, réinitialisait le compteur des mandats. Cette décision a provoqué une vague d’indignation au sein de l’opposition, qui a boycotté le scrutin, dénonçant une candidature anticonstitutionnelle.

Le seul adversaire d’Ouattara lors de cette élection fut Kouadio Konan Bertin, dit « KKB », un dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui n’a recueilli que 1,99 % des voix. Depuis, KKB a été intégré au gouvernement, d’abord comme ministre, puis comme ambassadeur au Gabon, une manoeuvre perçue comme une tentative d’apaisement ou de cooptation par le pouvoir. Les violences électorales de 2020 ont laissé des cicatrices profondes, avec un bilan officiel de 87 morts et 484 blessés, reflétant la tension extrême qui entourait le processus.

L’opposition en désarray : Le Conseil national de transition

En réponse aux résultats de 2020, l’opposition a tenté de former un « Conseil national de transition » (CNT), dirigé par l’ancien président Henri Konan Bédié, alors leader du PDCI, décédé en août 2023. Ce mouvement a rapidement été réprimé, entraînant une vague d’arrestations et d’incarcérations parmi les leaders de l’opposition. Cette répression a affaibli la capacité de l’opposition à s’organiser efficacement, mais elle n’a pas éteint les critiques envers Ouattara.

Dans une récente allocution, Alassane Ouattara a tenté de justifier sa nouvelle candidature en déclarant : « Les années passées à la tête de notre pays m’ont fait comprendre que le devoir peut parfois transcender la parole donnée de bonne foi. » Cette phrase, qui met en avant la primauté du devoir sur l’engagement personnel, a été perçue comme une tentative de légitimer une décision controversée. Ouattara insiste sur son attachement à l’alternance et à la transmission générationnelle, mais ses actions semblent contredire cet idéal, alimentant les accusations d’opportunisme politique.

Cette déclaration risque de raviver les tensions avec une opposition déjà méfiante, qui voit dans cette candidature une volonté de s’accrocher au pouvoir. Alors que le dépôt des candidatures a débuté le 26 juillet 2025 et se poursuivra jusqu’à la fin août, la question de la légitimité d’Ouattara reste au cœur des débats.

Malgré les obstacles, plusieurs figures de l’opposition se préparent à affronter Ouattara, sous réserve d’obtenir les parrainages nécessaires pour valider leurs candidatures :

Simone Ehivet Gbagbo : Ancienne première dame, elle reste une figure influente dans le paysage politique ivoirien, notamment auprès des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo.

Pascal Affi N’Guessan : Ancien Premier ministre et leader du Front populaire ivoirien (FPI), il cherche à consolider sa position au sein de l’opposition.

Jean-Louis Billon : Député et homme d’affaires, il représente une nouvelle génération de leaders au sein du PDCI.

Cependant, deux figures majeures seront absentes de cette course : Tidjane Thiam, actuel patron du PDCI depuis le décès de Bédié, et Laurent Gbagbo, ancien président. Tous deux ont été exclus des listes électorales pour des raisons administratives et judiciaires, une décision qu’ils contestent vigoureusement. Leur exclusion limite considérablement les options de l’opposition et risque d’accentuer les tensions avec le pouvoir.

Le système de parrainages, qui exige un certain nombre de signatures pour valider une candidature, constitue un obstacle majeur pour les opposants. Ce mécanisme, souvent critiqué comme un moyen de filtrer les candidatures gênantes, pourrait encore réduire le nombre de challengers face à Ouattara.

Le souvenir des violences de 2020 plane sur l’élection de 2025. La répression du CNT et les arrestations qui ont suivi ont montré la détermination du pouvoir à contrôler le processus électoral. La question est de savoir si les autorités mettront en place des mesures pour garantir un scrutin transparent et apaisé, ou si le pays risque de replonger dans un cycle de violence.

L’absence de Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, deux figures charismatiques et influentes, affaiblit l’opposition. Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale mais toujours confronté à des restrictions en Côte d’Ivoire, et Thiam, un homme d’affaires respecté à l’international, auraient pu mobiliser un large électorat. Leur exclusion pourrait être perçue comme une stratégie du pouvoir pour limiter la concurrence.

L’élection de 2025 représente un tournant pour la Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara, âgé de 83 ans au moment du scrutin, incarne une certaine stabilité pour ses partisans, mais aussi une forme de continuité controversée pour ses détracteurs. La capacité de l’opposition à s’unir et à surmonter les obstacles administratifs et logistiques sera déterminante pour offrir une alternative crédible.

Pour éviter un nouveau cycle de violences, il sera crucial que les institutions électorales garantissent un processus transparent et inclusif.

 

 

 

 

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