Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le monde occidental n’a cessé de multiplier les sanctions économiques pour tenter de faire pression sur le Kremlin. À l’approche des élections américaines de 2024, l’ancien président Donald Trump revient sur le devant de la scène avec des déclarations fracassantes : il affirme pouvoir mettre fin au conflit russo-ukrainien en seulement 24 heures.
Mais Donald Trump peut-il réellement forcer Vladimir Poutine à un cessez-le-feu en Ukraine en utilisant la menace de sanctions ?
Un contexte géopolitique explosif
Le conflit en Ukraine a profondément bouleversé l’équilibre géopolitique mondial. En riposte à l’agression russe, les États-Unis et l’Union européenne avaient mis en place une série de sanctions économiques inédites visant à :
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affaiblir l’économie russe,
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limiter ses exportations stratégiques (notamment le gaz et le pétrole),
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isoler financièrement les oligarques proches du pouvoir,
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interdire l’accès aux technologies occidentales de pointe.
Malgré tout, la Russie résiste. Grâce à de nouveaux partenaires commerciaux comme la Chine, l’Inde ou la Turquie, Moscou contourne en partie l’effet des sanctions. L’impact est visible, mais pas suffisant pour forcer un retrait militaire.
Le nouveau propriétaire de la maison blanche ,retourne sa veste contre Moscou avec de nouvelles menasses.
la Russie sera frappée de sanctions secondaires, c’est-à-dire que les Etats-Unis imposeront des droits de douane aux pays alliés de Moscou.
Dans le même temps, Washington va livrer de nouvelles armes pour l’Ukraine.
Reste à savoir, si ces moyens de pression seront efficaces. 50 jours, c’est long, et le Kremlin a déjà inversé la logique, expliquant que ce soutien américain accru va pousser Kiev à « prolonger la guerre ».
Depuis le bureau ovale de la Maison Blanche, où il recevait le patron de l’Otan Mark Rutte, Donald Trump a promis des « milliards de dollars” d’armement à l’Ukraine, dont des batteries et missiles de défense anti-aériennes Patriot, que l’Ukraine réclame pour pouvoir défendre ses villes des frappes aériennes russes.
Dans le même temps, Donald Trump, qui explique qu’à quatre reprises, il pensait avoir un accord de paix, avant que Vladimir Poutine ne continue à bombarder l’Ukraine, donne désormais 50 jours à Moscou pour stopper la guerre.
Autrement, les pays qui achètent des exportations russes seront sanctionnés de droits de douane à hauteur de 100 %.
Actuellement, les sanctions qui visent la Russie lui permettent de continuer à vendre des hydrocarbures à des grands pays comme la Chine et l’Inde.
Et depuis plus de trois ans et les premières sanctions occidentales, on s’interroge ainsi sur l’état réel de l’économie russe, qui semble avoir fait preuve d’une impressionnante résilience.
Cet élan, largement alimenté par le passage à une économie de guerre, semble maintenant s’estomper. De nombreux économistes s’attendent à ce que la croissance de la Russie soit divisée par deux cette année. Même la banque centrale russe s’attend à un ralentissement.
L’un des principaux freins est les taux d’intérêt vertigineux de la Russie, actuellement à 21 %, qui étouffent l’investissement privé. Les secteurs de l’automobile, de la production de moteurs et de machines, l’industrie du bâtiment et de l’acier sont particulièrement handicapés.
Dans le même temps, le rouble – la monnaie russe – a gagné plus de 40 % par rapport au dollar américain depuis le début de l’année, ce qui surprend de nombreux analystes.
Selon Vassili Astrov, expert de la Russie à l’Institut de Vienne pour les études économiques internationales (WIIW), l’appréciation du rouble a été en grande partie le résultat de la position conciliante de Donald Trump envers la Russie.
La menace de « sanctions secondaires » dans 50 jours, brandie par Donald Trump, fait référence aux sanctions imposées aux pays, aux entreprises ou aux individus tiers qui continuent à faire des affaires avec la Russie.
En attendant, au Congrès américain, le républicain Lindsey Graham, fidèle supporter de Trump, et un groupe bipartite de sénateurs, préparent des sanctions contre les pays qui importent des produits énergétiques russes.
D’après le chef de la majorité républicaine au Sénat, la loi pourrait être examinée avant que le Congrès ne parte en congés, le 1er août.
Selon le chercheur Vassili Astrov, ces nouvelles sanctions viseraient principalement la Chine et l’Inde.
« La Chine est désormais le partenaire commercial le plus important de la Russie, représentant environ 40 % de ses importations et 30 % de ses exportations en 2024. Des importations cruciales pour l’industrie militaire passent par la Chine et Hong Kong”, explique-t-il.
La Chine et l’Inde, l’autre grand soutien à l’économie russe, « absorbent ensemble plus de la moitié des exportations totales de pétrole de la Russie ».
Selon lui, il est actuellement difficile de prédire à quel point de nouvelles sanctions secondaires affecteraient les partenaires économiques de la Russie.
Enfin, des sources dans le secteur des banques ont assuré à l’agence de presse Reuters que les principales banques russes ont déjà mis en place un système de paiement surnommé « China Track » (la voie chinoise) pour leurs transactions avec la Chine, dans le but de « réduire leur visibilité auprès des régulateurs occidentaux et d’atténuer le risque de sanctions secondaires ».
« Le nouveau système a été mis en place par les principales banques sanctionnées et fait appel à un réseau d’intermédiaires enregistrés dans des pays que la Russie considère comme amis. Le système est en place depuis un certain temps et n’a pas encore subi de revers majeurs », écrit Reuters.